Dernier atelier d'écriture de l'année 2023 pour l'Université du Temps Libre de Libourne et Créon. Quatre groupes ont participé à ces nouvelles expérimentations littéraires.
EXERCICE 1. Duos gagnants (ou la magie des rencontres fortuites !)
Ce jeu est basé sur un procédé de feuilles tournantes où des règles strictes permettent d'écrire des bouts de phrases de chaque côté d'un morceau de papier. Le but (caché au départ) est de créer des rencontres, des accidents poétiques.
Un jeu à classer dans la grande famille des cadavres exquis.
Voici une sélection de phrases qui ont jaillit de l'imaginaire collectif. Elles sont classées par consignes.
Pendant que tu (...), je (...)
Pendant que tu chantais avec les oiseaux, je pédalais à grande vitesse.
Pendant que tu dormais sur la plage, je pensais partir en voyage.
Pendant que tu finissais ton verre, je voulais prendre des vacances.
Pendant que tu refaisais le monde je flânais le long du canal.
Pendant que tu donnais tes cours, j’adorais prendre le télésiège.
Pendant que tu emballais les cadeaux je rêvais à ma nuit trop vite terminée.
Pendant que tu réfléchissais à une solution j’admirais la lumière du soleil levant.
Pendant que tu dessinais ce joli tableau je roulais la moitié de la nuit.
Pendant que tu regardais la télé, je marchais sur la pointe des pieds.
Pendant que tu escaladais la grande échelle, je me demandais comment j’en étais arrivé là.
Pendant que tu dormais dans ta chambre, je croquais la vie à pleine dent.
Pendant que tu dormais tranquillement, je nettoyais énergiquement.
Pendant que tu dormais profondément, je boudais comme un enfant.
Pendant que tu dormais avec ton chat, je balayais la cour.
Pendant que tu baillais aux corneilles, je rêvais d’un lointain voyage.
Pendant que tu te promenais insouciante, je cherchais les ennuis.
Pendant que tu rêvais de moi, je croquais dans une pomme pourrie.
Pendant que tu parcourais le monde nuitamment je criais de désespoir.
Pendant que tu chantais à tue-tête, je sautais à pieds joints !
Pendant que tu rêvais à tes cauchemars, je sentais un doux parfum.
Pendant que tu faisais l’amour, je dormais profondément.
Pendant que tu faisais la vaisselle, je courrais sur la plage.
Il n'y a que les (...) pour (...)
Il n’y a que les idées noires pour découper les rideaux.
Il n’y a que les feuilles jaunies pour réussir leur mariage.
Il n’y a que les figues vertes pour danser sous la pluie.
Il n’y a que les chats roux pour avancer sur leur vélo tout neuf.
Il n’y a que les jours heureux pour appeler sa mère.
Il n’y a que les lapins gris pour danser sous la pluie.
Il n’y a que les fleurs pour éclabousser les copains.
Il n’y a que les chocolats pralinés pour avaler des lanternes.
Il n’y a que la pluie fine pour recevoir des lauriers.
Il n’y a que les automobilistes acariâtres pour manger du popcorn salé.
Il n’y a que les riches bordelais pour mourir d’amour.
Il n’y a que les arbres qui perdent leurs feuilles pour finir en beauté.
Il n’y a que les limaces pour se réjouir des arcs en ciel.
Il n’y a que les enfants pour cultiver des salades avec candeur.
Il n’y a que les imbéciles pour organiser une fête de famille.
Il n’y a que des canards dans la marre pour décorer la maison.
Il n’y a que les enfants qui croient pour stimuler mon imagination.
Il n’y a que les gens intelligents pour grandir naturellement.
Il n’y a que les pompiers qui allument des feux pour caresser le ciel.
Il n’y a que les escargots pour rêver les yeux grands ouverts.
Il n’y a que les bougies de Noël pour attraper les étoiles.
Il n’y a que les fous contents pour chanter leur partition.
Il n’y a que les enfants pour reconstruire leurs rêves orphelins.
Il n’y a que les regards vides pour vivre heureux.
Il n’y a que les imbéciles heureux pour lire des livres.
Verbe à l'infinitif (...) suppose (...)
Penser une idée simplement suppose qu’il fasse beau.
Chanter des airs inconnus suppose un temps illimité de préparation.
Cuisiner un poulet rapidement suppose de sécher instantanément.
Ramasser des pommes rapidement suppose d’avoir les yeux bandés.
Broder un napperon lentement suppose une énergie décuplée.
Mastiquer bruyamment son chewing-gum suppose avoir un parapluie.
Chanter faux et fort suppose avoir une belle voix.
Jouer de l’accordéon sensuellement suppose une prédisposition favorable.
Courir le guilledou discrètement suppose être très adroit.
Lire tes messages amoureusement suppose un sérieux entrainement !
Voler dans le ciel bleu suppose un caractère enjoué.
Couper les fleurs délicatement suppose une bonne dose de goujaterie.
Fuir le danger rapidement suppose un amour ardent.
Regarder un arc-en-ciel intensément suppose un matériau robuste.
Prendre son temps suppose une force intérieure hors norme.
Attraper son ombre suppose un été chaud et sec.
Chanter quand on a plus de voix suppose une grande ouverture aux autres.
Dormir dans un lit sereinement suppose un voyage sur une ile japonaise peu peuplée.
Braver une tempête héroïque suppose que la vie soit éternelle.
Regarder la montagne avec étonnement suppose une connaissance profonde des mécanismes d’horlogerie
Nager dans une mer d’huile suppose que tu as tué tout le monde !
Manger des cadavres délicieusement suppose un geste précis et délicat.
Il aime (...) mais le problème (...)
Il aime le thé froid non sucré mais le problème c’est qu’il rationnalise.
Il aime lire le journal dans le parc mais le problème c’est qu’il a raté son train.
Il aime dormir à la belle étoile pendant les chaudes nuits d’été mais le problème c’est qu’il n’aime pas travailler.
Il aime le gloussement de sa cafetière antique mais le problème c’est qu’il habite trop loin de chez nous.
Il aime regarder le soleil couchant mais le problème c’est qu’il n’a pas d’argent.
Il aime regarder béatement les décorations de Noël mais le problème c’est qu’il est souvent absent.
Il aime les chiens mais le problème c’est qu’il n’en croise qu’en temps de pluie.
Il aime écouter de la musique cubaine mais le problème c’est qu’il ne connait pas le chemin.
Il aime chercher des champignons dans la forêt mais le problème c’est qu’il ne peut marcher sans sa canne.
Il aime les livres courts mais le problème c’est qu’il est content de lui.
Il aime les bars sombres mais le problème c’est qu’il dérive dangereusement.
Il aime danser sur les braises mais le problème c’est qu’il passe son temps à ruminer.
Il aime boire goulument mais le problème c’est qu’il reste indifférent à tout.
Il aime la marche dans la forêt mais le problème c’est qu’il aime manger des enfants.
Il aime les jours de pluie mais le problème c’est qu’il n’y connait rien à la mécanique.
Il aimait philosopher bêtement mais le problème c’est qu’il est mort trop tôt.
Et MAINTENANT, je vous invite vivement à :
Sélectionner les phrases qui vous inspirent (même des fragments de phrases)
Combiner les phrases entre elles pour trouver de nouvelles formules qui vous plaisent
Noter les idées qui pourraient jaillir à la lecture de votre sélection
EXERCICE 2. La sardinosaure
La sardinosaure est un jeu littéraire inventé par le poète français Jacques Roubaud.
Il consiste à imaginer deux animaux différents et à les fusionner (technique du mot valise). La dernière syllabe du premier mot doit s’emboiter avec la première du second mot :
sardine et dinosaure = Sardinosaure
gazelle et éléphant = Gazelléphant
taureau et rossignol = Taurossignol
okapi et pigeon = Okapigeon
Durant une quinzaine de minutes chacun devait faire une liste d'animaux imaginaires basés sur cette construction. Voici un extrait du bestiaire général issu des quatre groupes :
Le hareng-outan Le chienpanzé L’éperloup Le perrocargot L’okapillon Le sanglièvre Le flamangouste Le poulargot | Le caïmanchot La colombotarie Le koalâne La musaraignée Le bonoboa Le drolapin Le zébuloup La bécanouille | La mouchaigle Le ragodindo Le toucangourou Le serpengolin La serpanthère Le moinokapi Le faisanglier Le wapitigre |
Le lapingouin Le najaconda Le jekolibri Le calamarmotte Le lapintade | L’étournotarie Le camélion La fourmygale Le tigrenouille L’élécéros | Le crocolibri La cigaléphant Le serpenzé La cocciraphe L’antilopard Le zébrebis Le zébulot |
Ensuite, le but était d’écrire un petit texte à partir d'un ou plusieurs animaux imaginaires :
Soit un pastiche d'article scientifique ou encyclopédique
Soit un poème mettant en scène l'animal
Soit un texte court (en général une page) traitant d’un épisode de la vie de la bête (une forme de conte ou d'histoire pour enfant par exemple)
Soit une série de phrases courtes, écrite comme des légendes humoristiques que l'on pourrait trouver sous la photo de l'animal
Pour illustrer ce travail, voici un poème écrit par Gene (G1 à Libourne).
LE BONOBOA
Il y a très longtemps de ça,
Dans la province de Djambala
Au pied d’un immense baobab,
Un bonobo rencontra un boa.
Qu’il était beau ce boa !
Si beau que le bonobo l’aima !
Et en retour fut aimé du boa.
De cet amour naquit devinez quoi ?
Et bien … un adorable petit bonoboa.
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